Viñasol : Petits producteurs de grands crus Argentins! - Association québécoise du commerce équitable
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Viñasol : Petits producteurs de grands crus Argentins!

Viñasol : Petits producteurs de grands crus Argentins!

Viñasol : Petits producteurs de grands crus Argentins!

« Ne laissez pas un raisin sur les vignes et pas de feuilles dans vos paniers. Ces raisins sont destinés aux vins « réserve » », lance Francisco aux cueilleurs. Francisco est membre de Viña de la Solidaridad (Viñasol), une organisation de producteurs fondée en 2005 et qui compte 26 membres. « Plusieurs producteurs ont été sollicités, mais peu voulaient participer à cause de la mauvaise réputation qu’ont ici les coopératives », explique Francisco. Pourtant, les petits producteurs argentins avaient tout intérêt à travailler collectivement. Entre 1990 et 2000, deux tiers des petits vignobles du pays ont disparu; rachetés, fusionnés, transformés. Eduardo Bertona, président de Viñasol, raconte cette époque: « J’ai coupé 40 % de mes vignes par manque de marché, j’ai même fait du vin blanc à partir de mon Malbec pour le marché national. Si, en janvier, je n’avais pas d’acheteurs pour mon raisin, j’angoissais. À la fondation de Viñasol, la promesse d’un prix minimum garanti m’était inconcevable, mais cette année, j’ai obtenu pour mes raisins équitables le double du prix en vigueur dans la région! »

Edouardo Bertona, président de Vinasol et ses deux contratistas Osvaldo Acosta y Antonio Torres, tous trois membre de Viñasol.

Fait particulier en commerce équitable, à Viñasol il y a des producteurs propriétaires et des contratistas, travailleurs au statut particulier. Le contratista, qui a une longue histoire en Argentine, est le responsable permanent de l’entretien des vignes d’un propriétaire. C’est une sorte de métayer qui perçoit pour son travail une faible allocation mensuelle, mais qui tire ses principaux revenus des vendanges où il a droit à 15 à 18 % des recettes. Les frais de production, quant à eux, reviennent aux propriétaires.

Antonio et Osvaldo, les contratistas d’Eduardo, cumulent à eux deux 80 ans d’expérience! « La vigne, c’est 12 mois par an », dit Osvaldo, le doyen. Avec 221 jours de travail par hectare, la vigne exige plus de main‑d’œuvre que toute autre culture. « Nous devons tailler, attacher, irriguer, fertiliser, soigner et tailler encore… Un seul homme ne peut s’occuper de 10 hectares! » Les deux contratistas d’Eduardo sont responsables de six hectares chacun. « Nous sommes tous les trois membres de Viñasol, précise Eduardo. Pour l’instant, tout notre raisin ne peut être vendu équitable, faute de marché. Mais la part des contratistas bénéficie en priorité des prix supérieurs et de la prime sociale. Cette année, les enfants d’Eduardo recevront l’appui de Viñasol. Pour Osvaldo… ce sera pour ses petits‑enfants! »

Les raisins équitables des membres de Viñasol sont entre autre achetés par la Bodega Furlotti, agréée par FLO comme exportateur. Gabriela Furlotti, l’une des propriétaires, me reçoit dans la maison ancestrale, aujourd’hui transformée en auberge campagnarde. L’endroit transpire la tradition et la vigne. « Ici, c’était le vignoble de mon grand‑père. Ma famille est arrivée d’Italie au début du siècle passé », rappelle Gabriela. « Mes ancêtres étaient d’abord contratistas  avant de devenir propriétaires de leur vignoble, et ensuite de leur cave », m’explique t’elle. Entreprise viticole privée, la Bodega Furlotti fut fondée pour vinifier du raisin équitable. « L’équitable n’était, au départ, qu’une opportunité commerciale, mais aujourd’hui, la part sociale prend de plus en plus de place. Nous avons dû faire tout un travail éducatif. Personne ne voulait d’une coopérative. Viñasol est donc une association sans but lucratif. Nous payons directement les membres pour le raisin que nous achetons, entre 20 et 25 % de leur récolteMais avec la prime équitable, on sent que l’association se consolide. Aussi, étant une association de producteurs, les membres ont pu obtenir cette année une aide gouvernementale de 3 000 $  par hectare pour investir dans l’amélioration de la production. »

Pour Maria Laura, agronome responsable de la production de Viñasol, « sans commerce équitable, les petits producteurs disparaitraient. » La dynamique agronome court d’un vignoble à l’autre sans jamais manquer de temps pour répondre aux questions des membres. « Regarde ce vignoble, un seul hectare, mais il est cajolé comme un jardin », dit-elle en me faisant visiter le vignoble de Miguel et Marta, deux viticulteurs membres de Viñasol, dont  la récolte bat son plein. « Des membres comme eux, j’en voudrais des dizaines. C’est pour eux que le commerce équitable existe », lance‑t‑elle pour Miguel.

En 2011, 40% des raisins de Viñasol ont trouvé leur chemin dans des cuvées équitables auprès de quelques caves argentines. Bodega Furlotti demeure leur principal partenaire.  En février 2008, le London Independent a sélectionné le vin malbec de Viñasol/Furlotti comme le meilleur vin rouge équitable au monde! Ces grands crus de malbec, sous la marque Soluna, sont distribués aux États-Unis, en Europe et au Canada.

Texte et photo : Éric St-Pierre
www.ericstpierre.ca

Photo : Osvaldo, Antonio et Eduardo, trois membres de Viñasol au milieu des vignes de Malbec. ©Éric St-Pierre

Sources : Le Tour du Monde Équitable, Éric St-Pierre, Les Éditions de l’Homme, 2010 : www.ericstpierre.ca
Viñasol et Bodega Furlotti : http://bodegafurlotti.com/